Présentation

Depuis plus de deux décennies, les programmes de numérisation ont profondément reconfiguré les modes d’accès aux savoirs. De multiples projets ont vu le jour à l’échelle nationale et internationale pour préserver, rendre accessible, interconnecter ou enrichir le patrimoine scientifique. Ces dynamiques s’inscrivent dans un écosystème interdisciplinaire qui réunit les bibliothèques, les laboratoires, les plateformes et les institutions patrimoniales.

Dès 2012, Frédéric Darbelley souligne que « la numérisation ne doit pas être […] comprise comme une simple possibilité de rendre visible un patrimoine humaniste et culturel, ni comme un moyen offrant uniquement un libre accès à la connaissance ». Il serait en effet réducteur de restreindre la numérisation à un levier de visibilité ou de libre accès. Elle implique des choix épistémologiques, documentaires et politiques qui conditionnent la mémoire des sciences et les modalités d’appropriation du savoir dans un environnement de plus en plus nativement numérique.

Le présent colloque invite à porter une réflexion critique, collective et interdisciplinaire sur les transformations induites par la numérisation dans les pratiques de recherche et les usages scientifiques. Comment les choix de corpus, d’outils ou de formats façonnent-ils les pratiques de recherche ? Quelle mémoire des sciences est ainsi produite, rendue visible ou, au contraire, dévalorisée ? Quels sont les mécanismes, en place ou en développement, pour que la numérisation de la littérature scientifique accompagne de manière optimale les pratiques de recherche, qu’elles soient traditionnelles ou émergentes ?

Il s’agira ainsi de croiser les regards sur les corpus patrimoniaux et la littérature scientifique contemporaine, d’interroger la place des communautés de recherche dans la fabrique des politiques de numérisation et de réfléchir aux conditions concrètes d’accès, d’usage et de réutilisation éclairés des ressources numérisées. Dans cette perspective, nous encourageons des propositions issues de toutes disciplines et tous terrains, articulant des dimensions critiques, méthodologiques ou expérimentales.

Les propositions de communications s’inscriront dans trois grandes thématiques de réflexion, pour lesquelles nous proposons quelques pistes (non exhaustives).

Enjeux épistémologiques et institutionnels

  • Continuité et préservation du patrimoine scientifique ;
  • Effets de numérisation pour la construction de la mémoire des sciences et des récits disciplinaires ;
  • Impact des choix de numérisation (disciplines, périodes, collections, langues, acteurs, etc.) sur le paysage de la recherche ;
  • Qu’a fait l’« impératif numérique » aux pratiques de recherche ? Continuité ou rupture dans les approches disciplinaires ;
  • Représentation des savoirs scientifiques et de leurs espaces et modes de production ;
  • Place des corpus numérisés dans l’écosystème de la science ouverte et de la transition bibliographique ;
  • Patrimoine scientifique numérisé comme données de recherche : quels statuts, quelles réutilisations ?

Pratiques, outils et expériences de la numérisation scientifique

  • Retours d’expérience sur des projets de numérisation à visée patrimoniale ou scientifique ;
  • Comparaison de politiques nationales ou institutionnelles (objectifs, priorités, outils, formats) ;
  • Normes, standards et bonnes pratiques : observation des usages internationaux ;
  • Conception, choix et usages des plateformes d’accès aux corpus (infrastructures publiques, canaux alternatifs, écosystèmes privés) ;
  • Adaptation des outils conçus pour les données nativement numériques à des corpus numérisés ;
  • Besoins d’outillage dans les pratiques de recherche : annotation, extraction, enrichissement, visualisation ;
  • Usages non académiques ou subversifs des corpus scientifiques numérisés.

Découverte, accessibilité et valorisation des ressources numérisées

  • Y a-t-il une valorisation des ressources nativement numériques aux dépens des corpus numérisées ?
  • Exploitation de la littérature scientifique numérisée par l’IA générative : potentialités, biais, opacités ;
  • Contribution des corpus numérisés à la redécouverte, à la réinterprétation ou à la valorisation des sources ;
  • Accessibilité numérique du patrimoine scientifique : prise en compte des publics en situation de handicap (malvoyance, dyslexie, etc.) ;
  • Quels usages pédagogiques et publics des ressources scientifiques numérisées ?
   

Modalités de soumission

Les propositions de communication, rédigées en français ou en anglais, ne devront pas excéder 500 mots (hors bibliographie). Elles seront accompagnées d’une brève notice bio-bibliographique et de 5 mots-clés.

Les formats de contribution sont ouverts et peuvent inclure des formes diverses (communications individuelles, tables rondes, panels thématiques, ateliers collaboratifs, retours d’expérience, posters ou formats expérimentaux).

Nous encourageons en particulier les propositions favorisant le dialogue interdisciplinaire, les retours croisés entre les spécialistes de la documentation et les chercheurs, ainsi que les approches comparatives (territoires, disciplines, infrastructures).

Les propositions sont à soumettre au comité d’organisation jusqu’au 30 novembre (minuit, heure de Paris) sur le site du colloque : https://impacts-num2026.sciencesconf.org.

Les décisions du comité scientifique seront communiquées au plus tard fin janvier 2026.

Le colloque se déroulera de 27 à 28 mai à la Bibliothèque universitaire Lilliad (Université de Lille, Villeneuve d’Ascq).

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